Découvrir les coulisses de la vie politique

« Ce n’était pas gagné, après mon bac j’étais perdu, je ne savais pas du tout quoi faire. J’ai choisi de m’inscrire en fac d’histoire à l’université Bordeaux Montaigne, discipline pour laquelle j’ai une véritable appétence » raconte Tom Laporte. Il valide sa licence malgré les années Covid difficiles, part en césure en Irlande, à son retour s’inscrit à la faculté d’AES - Administration économique et sociale- à l'université de Bordeaux mais ne trouve toujours pas sa place. « À part faire en sorte que le monde tourne plus rond (une obsession) mais sans savoir comment, j’avais envie monter un bar à thème autour de l’automobile, ma passion » poursuit-il.

Ce projet, premiers pas dans l’entrepreneuriat, n’aboutira pas, mais ce jeune citoyen engagé a d’autres idées sous ses pédales dont une (qui n’a rien à voir avec les voitures) fait son chemin. « Un jour à la bibliothèque, je me suis simplement demandé sur quoi travaillaient les députés car je n’en savais pas grand-chose et j’avais besoin de comprendre factuellement en quoi consistait leur rôle. J’ai commencé à imaginer une application qui permettrait de suivre leurs activités, de décoder les projets de loi... En rentrant chez moi, honnêtement, j'allais abandonner mais j'en ai parlé à ma colocataire qui, à ma grande surprise, s’est montrée plutôt intéressée » explique Tom Laporte. Encouragé, il creuse le sujet, réalise des interviews exploratoires auprès d’une quarantaine d’étudiants rencontrés dans les bibliothèques et dans les bars. Il ouvre un canal WhatsApp qu’il nomme Hémicycle.
« Via le formulaire d’accès à la communauté, j’ai posé la question suivante : "Sur une échelle de 1 à 10, à quel point jugez-vous le travail des parlementaires opaque ?" Sur 500 étudiants, la réponse moyenne a été de 7 » raconte Tom Laporte.

En parallèle, il sollicite les quatre députés bordelais dont les circonscriptions correspondent au périmètre des campus, à savoir Sébastien Saint-Pasteur, Loïc Prud’homme, Nicolas Thierry et Thomas Cazenave qui acceptent d'entrer dans l’aventure. Concrètement, chacun d’entre eux s’exprime sur le canal pendant une semaine. Ainsi, tour à tour, ils publient le résumé de leur journée, expliquent leurs choix de vote et répondent aux questions des étudiants présents sur le groupe.  
« Ce projet a pour objectif de recréer du lien entre les jeunes et la vie politique, en sensibilisant les étudiants à la vie démocratique. J’ai constaté ce besoin, mon ambition avec Hémicycle est de contribuer à y répondre » affirme le jeune homme.

Tom Laporte s’inscrit au Diplôme universitaire (DU) « Outils pour Entreprendre » de l’université de Bordeaux, qui est aussi le Diplôme Étudiant-Entrepreneur, et postule à UBeeLab, l’incubateur étudiant de l’université de Bordeaux afin d’être soutenu dans son aventure entrepreneuriale.  « Depuis 2024, je bénéficie d’un suivi exceptionnel. Je suis conseillé, aiguillé, écouté. Cet accompagnement est très précieux » déclare Tom Laporte.

Lancé en octobre 2024, Hémicycle réunit 380 étudiants tous cursus confondus qui interagissent avec les quatre députés tous les jours. Une moyenne de 25 explications de lois et de votes par mois ont été postées depuis. « Nous avons réussi un petit miracle avec un tableau Excel. Ce Whatsapp a permis de tester le concept. Le canal est fermé temporairement car je travaille avec un product manager sur le développement d’une application que je co-développe avec les étudiants. En attendant, je garde le lien avec eux » précise-t-il.

Objectif ? Dans un monde idéal, Tom Laporte souhaiterait proposer Hémicycle à l’État français qui pourrait, compte tenu de son utilité, financer le modèle économique. L’idée étant de continuer à expérimenter le concept à Bordeaux et, si cela marche, le dupliquer de métropole en métropole. Tom Laporte a enfin trouvé sa place.